Episode II
Le lundi soir quand j'ai eu une petite journée (seulement 2heures de boulot), passe encore. Mais le matin quand je viens de me lever, non. S'il vous plait, non. Y'a pas de moment où je me sente plus vulnérable. Je vais finir par les détester. J'ai droit à des bonjour super froids dès le matin, et là ma mère m'engueule sur la table, elle aussi déplacée de quelques centimètres, c'est mon frangin qui l'avait remise en plus. J'ai rien dis. J'ai remis la table comme elle me le demandait, bien docilement. Elle est partie en bas avec la panière de linge en disant d'une voix très froide : "ma patience a des limites !". Ben punaise, je la trouve justement pas très patiente ! Elle ne l'a jamais été, Papa non plus. J'appelle pas ça de la patience en tout cas. Alors que moi, j'en ai à revendre, pour supporter en silence tout ce qu'ils me disent depuis des années, et particulièrement depuis presque un an. Je veux partir ... Pourquoi on en arrive là ? Je pars dans quelques semaines/mois, alors est-ce qu'ils ne pourraient pas me laisser tranquille jusque là, un peu ?
En tout cas, les grosses soirées, c'est sûr que c'est terminé. C'est trop d'énergie à tout préparer et trop de reproches à essuyer ensuite. Bien sûr c'est un immense bonheur de recevoir tout le monde, de voir mes amis, de passer un bon moment avec eux et de les voir contents ! Mais ensuite, je suis SEULE à faire face aux reproches de mes parents, et ça peut vous paraitre exagéré, mais je vous assure que ça me stresse. Là typiquement, comme tous les matins, j'ai le cœur qui bat fort parce que je stresse que ma mère déboule dans ma chambre avec encore un truc qui va pas. Comme ma mère est femme au foyer et que mon père vient de prendre un congé sabbatique de 6 mois, il est grand temps que je parte ! Ils sont tout le temps là, ou presque, c'est insupportable. Heureusement que je bosse le midi et le soir, comme ça je les croise pas pendant les repas ... J'ai l'impression qu'ils me détestent plus qu'ils ne m'aiment, et c'est terrible de ressentir ça. Je sais que je ne suis pas la seule, j'ai des amies qui ont des parents pires ...
Punaise, je ne comprends pas ! Est-ce que je serais comme ça, moi aussi ? Mon amour, est-ce qu'on balancera des choses aussi méchantes à la gueule du fruit de nos entrailles ? Je ne peux pas nous croire capables d'une chose pareille. Quand je dis que je ne comprends pas, je ne comprends VRAIMENT pas. Je n'ai pas la sensation d'être odieuse, je ne pense pas être un monstre ! Je ne suis pas parfaite, certes ! Mais eux sont loin de l'être non plus, alors qu'ils me fichent la paix ! J'ai plein de défauts, c'est vrai, j'avoue, j'assume. Mais cessez de me les rappeler sans cesse ! Et mes qualités, évidemment ils ne les voient pas. Le matin, je dis toujours bonjour avec le sourire, alors je sais pas moi, peut-être qu'ils prennent ça pour de la provoc' ? Parce que oui, malgré tout, je garde le sourire. Je ne sais pas comment je fais. Peut-être parce que je sais que tout ça sera bientôt fini. Mais j'ai envie de pleurer. J'ai le ventre noué, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Parce que j'ai peur. Voilà, c'est dit : j'ai peur de mes parents. Et je n'ai qu'une envie : ne plus les voir quand nous serons partis.